Le Gendarme et les Extraterrestres
de Jean Girault
(France)
Avec Louis de Funès, Michel
Galabru, Jean-Pierre Rampal, Maurice Risch, Maria Mauban, Jacques François,
France Rumilly
Cinquième et avant-dernière aventure
d’une « saga » dont le premier épisode, Le Gendarme de St Tropez, avait propulsé Louis de Funès au sommet
de la gloire en 1964, Le Gendarme et les
Extraterrestres marque l’essoufflement considérable d’une série sympathique
mais sans éclat. Engoncé dans l’éternel uniforme du maréchal chef des logis
Cruchot, de Funès y apparaît amaigri et fatigué, malgré l’indéniable énergie
qu’il continue à déployer face à l’adjudant Gerber, alias Michel Galabru. Le
reste de la troupe s’est étrangement modifié. Christian Marin et Jean Lefebvre
ne sont plus de la partie, ni même Claude Gensac, partenaire régulière de De
Funès à l’écran, ici remplacée par une peu convaincante Maria Mauban.
S’adaptant gauchement à la vogue science-fictionnelle cinématographique
déclenchée par La Guerre des Etoiles et Rencontres du Troisième Type, cet
opus poussif commence lorsque Cruchot et son adjoint Beaupied (Maurice Rich)
tombent en panne sur une route de campagne. Alors que Cruchot s’efforce de
faire redémarrer leur capricieuse Méhari, Beaupied s’enfonce dans les bois avoisinants
et aperçoit une soucoupe volante (autrement dit une maquette grotesque
incrustée n’importe comment). Personne ne croit au témoignage du gendarme
ébahi, jusqu’à ce que Cruchot n’ait la même vision quelques jours plus tard. La
presse et la télévision sont alors sur le qui vive, ce qui nous vaut une grosse
séquence de sponsoring intensif digne de Wayne’s
World.
Bientôt, le doute n’est plus permis : les extra-terrestres ont
débarqué à Saint-Tropez ! Le premier à montrer le bout de son nez est
incarné par un Lambert Wilson alors débutant (qui a probablement effacé depuis
ce film embarrassant de son CV !). Les siens ont débarqué pour étudier les
mœurs des humains. « Nous avons choisi Saint-Tropez pour son
échantillonnage de races pendant l’été », dit-il avec un sérieux papal.
Ces aliens ethnologues sont capables de lancer des rayons destructeurs avec
leurs yeux, sonnent creux quand on les frappe, boivent de l’huile de vidange,
sont équipés de montres qui font bip bip et peuvent emprunter l’apparence de n’importe
quel humain, d’où une série de quiproquos patauds. Au besoin, ils prennent des
allures de bimbos en bikini qui séduisent les gendarmes sur la plage puis
s’enfuient en sautant au ralenti comme Super Jamie.
Au cours d’une séquence
hallucinante d’assaut des gendarmes dans un restaurant, deux extra-terrestres
désintègrent entièrement les lieux, jusqu’à ce que l’un d’eux, touché par l’eau
d’un aquarium qui a explosé, se mette à tituber sur la plage en émettant
d’étranges bruits métalliques, puis tombe littéralement en morceaux sous les
yeux d’un Galabru éberlué. Les rares gags réussis du film sont moins dus au
scénario qu’aux performances de De Funès, comme lorsque ce dernier se déguise
en nonne et se retrouve obligé de chanter dans une chorale. Le quiproquo final
(qui sont les vrais gendarmes, quelle est la vraie soucoupe ?) est
largement ruiné par la pauvreté des effets spéciaux d’Eurocitel. Le film attira
pourtant six millions et demi de spectateurs dans les salles, preuve de
l’inoxydable popularité de Louis de Funès.
© Gilles Penso
Thema: EXTRA-TERRESTRES
Chef d'oeuvre comparé à l'ultime volet suivant...
RépondreSupprimer:)