Captain America: Civil War
d’Anthony et Joe Russo (2016) – USA
Avec Chris Evans,
Robert Downey Jr, Scarlett Johansson, Sebastian Stan, Chadwick Boseman, Paul
Rudd, Tom Holland
Devenu figure active du contre-pouvoir dans
l’excellent Captain America : le Soldat de l'Hiver, le soldat à la bannière étoilée poursuit cette démarche dans Civil War qui marque un clivage fort
entre deux groupes de super-héros soudain en proie au doute. Menés par Tony
Stark, les uns acceptent de devenir une organisation officiellement pilotée par
le gouvernement afin d’éviter les débordements qui ont jadis provoqué bon
nombre de victimes. Sous la tutelle de Steve Rogers, les autres refusent ce
chaperonnage pour pouvoir continuer à agir librement et en toute conscience.
La
divergence d’opinion se transforme en affrontement musclé lorsque Bucky Barnes,
le Soldat de l’Hiver, est accusé d’un acte terroriste aux répercussions
catastrophiques… Ecrire et réaliser un film choral, réservant un rôle
privilégié à des dizaines de protagonistes aux personnalités fortes et tenant
compte de tous les longs-métrages précédents de la franchise, est un exercice
difficile aux nombreux écueils. Si Josh Whedon avait remarquablement relevé le
défi avec le premier Avengers, il
n’avait su transformer l’essai dans L'ère d'Ultron qui confinait à l’indigestion. La réussite de Captain America : Civil War est d’autant plus remarquable.
Réunissant plus de personnages que tous les autres films de la saga, les frères
Russo nous offrent un spectacle foncièrement généreux. A l’exception de Thor et
Hulk, tous les Vengeurs répondent à l’appel, sans compter deux nouveaux venus
que les spectateurs attendaient de pied ferme : Black Panther et
Spider-Man.
Le premier, impeccablement incarné par Chadwick Boseman, nous offre
quelques beaux moments d’action aux chorégraphies vertigineuses. Le second nous
revient avec panache, balayant joyeusement les deux ratages de Marc Webb.
Rajeuni sous les traits de Tom Holland, Peter Parker crève l’écran pendant une
bonne demi-heure, rafraîchissant par sa présence candide et fougueuse un film à
l’atmosphère relativement pesante. Le miracle de Civil War tient d’ailleurs à son équilibre et son dosage, tirant
parti des caractères versatiles de chaque membre du groupe pour les harmoniser
au sein d’une intrigue ne perdant jamais son homogénéité tonale. Le combat
titanesque des deux armées de super-héros sur le tarmac d’un aéroport reste
ainsi un morceau d’anthologie non seulement par la folle inventivité de ses
péripéties mais surtout par l’agressivité mitigée des belligérants,
s’affrontant à contrecœur et retenant souvent leurs coups.
Cette guerre
idéologique est d’autant plus complexe qu’elle divise des amis et s’appuie sur
des convictions malléables. Malgré les apaisements ultérieurs, de nouveaux enjeux
la relancent et l’enveniment sans cesse, face au spectateur qui assiste
impuissant à ce naufrage intérieur. Aucun « deus ex-machina »
n’interrompt les combattants (c’était l’un des défauts majeurs de Batman V Superman) et surtout aucun
super-vilain tout-puissant n’offre la possibilité d’une focalisation de toutes
les attentions vers un ennemi commun. Dans Civil
War, la lutte reste intestine et laisse des marques durables. Ce troisième Captain America est donc une
prodigieuse réussite, l’un des meilleurs épisodes de la longue franchise Marvel
riche aujourd’hui de treize longs-métrages.
© Gilles Penso
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