Après six années d’imbroglio
juridique, James Bond revient en 1995 avec un nouveau visage, celui de Pierce
Brosnan, et avec un nouveau compositeur, Eric Serra. Ce choix surprenant
s’explique par la popularité outre-Manche des films de Luc Besson, dont Serra
demeure le musicien attitré. « Lorsqu’ils
m’ont proposé de travailler sur le film, ils m’ont dit qu’ils adoraient ma
musique », explique-t-il. « J’ai
donc pensé que la meilleure chose à faire était d’écrire une musique
personnelle, sans me laisser influencer par les vieux James Bond ». Ce choix était intéressant, mais
le goût de Serra pour les sonorités synthétiques trahit le style musical
lyrique et symphonique dicté par ses prédécesseurs.
Hérités de son expérience
avec Besson, certains tics sonores de Serra sont tenaces, et son usage intensif
du sampler, des boîtes à rythme et des percussions échantillonnées nous ramène
illico au Grand Bleu ou à Nikita. Certes, à l’occasion d’Atlantis et de Léon, Eric Serra avait eu l’occasion d’écrire pour un orchestre
symphonique, et il réitère l’expérience dans Goldeneye. Cependant, même si dans « The Severnaya
Suite » la flûte traversière soutenue par des cordes, puis rattrapée par
des cuivres pesants, évoque John Barry, les envolées symphoniques de
l’orchestre manquent de profondeur et d’une mélodie digne de ce nom.
Probablement parce qu’Eric Serra est meilleur arrangeur que compositeur.
Dommage, par exemple, qu’il n’ait pas tenté d’écrire des variantes symphoniques
sur le thème de la chanson du générique.
Le fameux James Bond Theme lui-même
prend dans Goldeneye une tonalité
techno (boîte à rythme lancinante, sons synthétiques en boucle, voix et bruits
échantillonnés), à l’occasion du morceau « A Plesant Drive in St
Petersburg ». C’est un signe des temps, mais c’est très appauvrissant
musicalement. A tel point que les producteurs, comprenant trop tard leur erreur, demandent à l’arrangeur John Altman de concevoir en quatrième vitesse une version orchestrale du « James Bond Theme » pour remplacer celle composée par Serra pour la poursuite avec un tank dans les rues de St Petersbourg.
De l’avis général, la bande originale de Goldeneye est la pire de toutes. Fort heureusement, il reste la chanson du générique, qui porte le
titre du film et que Tina Turner interprète avec une vigueur communicative.
Ecrite par Bono and the Edge, cette « title song » permet à la voix
chaude de Tina de succéder sans pâlir à celles de Shirley Bassey, Carly Simon
ou encore Sheena Easton.
© Gilles Penso
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