Goldfinger marque une étape importante dans l’histoire des musiques de la saga James Bond, puisque cette fois-ci John Barry est chargé d’écrire non seulement la bande originale mais aussi la chanson principale. Il s’en acquitte en marquant une rupture avec celle de Bons Baisers de Russie, qui était un titre très romantique. La chanson de ce troisième Bond est au contraire agressive, rugueuse et accidentée. « Goldfinger est le nom du vilain, donc ce ne pouvait pas être une mélodie ouverte et ronde », explique Barry. « Il fallait des angles. » Pour les paroles, il se tourne vers Leslie Bricusse et Anthony Newley.
Reste à trouver la voix
idéale. Barry pense aussitôt à Shirley Bassey, qui commence à se faire un nom
en Angleterre grâce à son timbre inimitable. « Sur chaque B.O., j’ai réalisé des castings, choisissant la bonne
voix pour le bon rôle », expliquait Barry. « C’est comme ça que j’ai recruté Shirley Bassey pour Goldfinger, car elle faisait parfaitement l’affaire pour ce titre. » Le
compositeur la pousse dans ses retranchements pendant l’enregistrement, lui
demandant de maintenir le plus longtemps possible la note finale. Pour pouvoir
pousser cette dernière note jusqu’au bout, Bassey défait son corset et retient
sa respiration. « Après ça, j’ai
failli m’évanouir » racontera-t-elle.
Aujourd’hui, la chanson
« Goldfinger » est un classique, mais à l’époque les choses n’étaient
pas acquises. « Le producteur Harry
Saltzman détestais ce que j’avais fait pour Goldfinger », explique
Barry. « L’album a pourtant réussi à
détrôner le Hard Day’s Night des
Beatles de la première place de charts américains… J’ai donc pris l’habitude de
ne faire confiance qu’à mon âme. » Si dans Bons Baisers de Russie la chanson ne s’entendait qu’à le toute fin,
elle occupe désormais le générique de début, tandis que John Barry continue à
en décliner la mélodie à loisir afin que l’ensemble de sa bande originale
possède une cohérence et une énergie commune.
Au-delà de cette chanson inoubliable, Barry compose pour le film une partition flamboyante qui décline souvent le thème du générique et joue la carte de l'expérimentation pour le choix de certaines orchestrations. « J’ai
utilisé des petites cymbales à doigts », expliquait-il au début des années 2000. « On les entend la première fois qu’on
voit Oddjob. Je voulais un son métallique et les cymbales à doigt ont ce
tintement à la fois discret mais tout à fait audible. Elles me semblaient
parfaites pour évoquer le métal, l’or et sa dureté. C’était la même idée pour
les trombones et les cors que l’on entend au début de la chanson. » Avec Goldfinger, le « style Bond » est
définitivement installé.
© Gilles Penso
Hello Gilles,
RépondreSupprimerje viens justement de publier un top de mes génériques préférés de la franchise.
E.