Hound of the Baskervilles
de Terence Fisher (GB)
avec Peter Cushing, Christopher Lee, André Morell, Marla Landi,
David Oxley, Francis De Wolff, Miles Malleson, Ewen Solon
Après avoir respectivement
excellé dans les rôles titres de Frankenstein s'est échappé et Le Cauchemar de Dracula, Peter Cushing et Christopher Lee trouvent à nouveau des rôles à la
mesure de leur talent et de leur prestance dans cette très élégante version du
fameux roman d’Arthur Conan Doyle. Cushing y campe un Sherlock Holmes imbu de
lui-même au flegme délicieusement irritant, et Lee un Henry Baskerville
taciturne à la haute stature et au charme ténébreux. Celui-ci revient dans la
maison de ses ancêtres au beau milieu de la lande écossaise, après que son
oncle Charles ait été retrouvé mort dans d’étranges circonstances. D’aucuns
attribuent ce décès à la malédiction qui frappe la famille Baskerville depuis
que le détestable Sir Hugo a assassiné une jeune paysanne qui se refusait à
lui. Selon la légende, cette malédiction prend la forme d’un chien assoiffé de
sang venu tout droit de l’enfer. Holmes mène donc l’enquête, accompagné du
docteur Watson, interprété avec beaucoup de finesse par André Morell.
Le film
laissant la part belle à ses extraordinaires comédiens et à de savoureux
dialogues (au cours desquels Cushing prononce avec délectation le fameux
« élémentaire mon cher Watson »), les scènes d’action et d’épouvante
restent discrètes et se voient réserver la portion congrue. Elles s’avèrent
cependant très efficaces, notamment le prologue qui conte les méfaits
sanguinaires de Hugo Baskerville, ou cette séquence londonienne qui semble
annoncer l’un des moments forts de James Bond contre Docteur No et dans laquelle Henry est menacé par une redoutable
tarentule. D’un bout à l’autre du métrage, la mise en scène de Terence Fisher
s’avère inspirée, fluide et judicieusement dynamique.
On émettra plus de
réserves sur le fameux chien du titre, qui n’apparaît furtivement qu’à la toute
fin du film, et dont la tête disproportionnée aux oreilles dressées lui donne
un peu les allures d’une chèvre ! Nous sommes bien loin de la description
de Conan Doyle, qui affirmait tout de même : « jamais aucun rêve
délirant d’un cerveau dérangé ne créa vision plus sauvage, plus fantastique,
plus infernale que cette bête qui dévalait du brouillard. » Les
fantasticophiles de tous poils étaient donc en droit d’espérer une vision plus
marquante que ce pauvre cabot vaguement grimé pour symboliser le chien de
l’enfer, d’autant que l’un des posters les plus connus du film exhibait un
molosse baveux aux crocs acérés autrement plus terrifiant…
Cette maladresse
mise à part, Le Chien des Baskerville de Fisher demeurera sans doute l’une des
meilleures incarnations à l’écran de Sherlock Holmes. Ce fut d’ailleurs, pour
l’anecdote, la première adaptation en couleurs d’une aventure du célèbre
détective. La Hammer envisageait d’ailleurs d’enchaîner avec d’autres films
mettant en vedette Peter Cushing dans le rôle du héros fétiche de Conan Doyle,
mais le fond de commerce de la compagnie britannique étant les monstres, les
autres romans n’offrirent pas la matière nécessaire à de nouveaux
développements fantastiques. Le Chien
des Baskerville de Terence Fisher demeura donc une tentative isolée.
© Gilles Penso
Thema: MAMMIFÈRES
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