(Steel)
de Kenneth Johnson
(USA)
avec Shaquille O’Neal, Annabeth Gish, Judd Nelson,
Richard Roundtree, Irma P. Hall, Charles Napier, Ray J. Harvey Silver
Conforté
par les succès télévisés de L’Homme qui
valait trois milliards, Super Jamie
et L’Incroyable Hulk, Kenneth
Johnson choisit pour son second long-métrage cinéma (après Appelez-moi Johnny 5) de persister dans la voie du
super-héros. D’où ce Steel,
librement inspiré d’un personnage de DC Comics créé par Louise Simonson et Jon
Bogdanove. Le basketteur Shaquille O’Neal interprète donc du haut de ses deux
mètres seize John Henry Irons (ça ne s’invente pas !), concepteur d’armes
pour l’armée américaine. Son dernier projet en date est un projectile
hyper-puissant qui crée de gros dégâts sans blesser aucun humain. Le rêve de
tous les militaires soucieux de se donner bonne conscience, en somme.
Mais le
jour de la démonstration, l’arme est sabotée, provoquant un gros désastre et
paralysant les jambes de Susan Sparks, collègue d’Irons. Dégoûté, celui-ci
démissionne de l’armée et décide de retrouver sa famille pour oublier le drame.
Or l’auteur du sabotage, Nathaniel Burke, a intégré une société de jeux vidéo
servant de couverture à du trafic d’armes, et s’est mis en tête de lancer sur le
marché les redoutables fusils expérimentaux imaginés par Irons et Sparks. Ces
derniers décroisent leurs bras et décident d’intervenir. Irons deviendra
l’homme d’acier, un super-héros engoncé dans une armure invincible truffée de
gadgets, et Sparks le guidera à distance depuis son fauteuil roulant. Et c’est
parti pour de nouvelles aventures !
Dans la bande-dessinée originale,
largement inspirée par le personnage d’Iron Man des Marvel Comics, l’homme
d’acier était sauvé de la mort par Superman, et lorsque celui-ci mourait, le
super-héros métallique reprenait son flambeau en lui rendant hommage. D’où une
cape rouge et un bouclier arborant fièrement un grand « S ». Ici,
l’allusion à Superman ayant été évacuée (à l’exception d’un tatouage sur
l’épaule), notre homme d’acier se contente d’une carcasse à la Robocop et d’un
marteau multi-fonctions ! Quant aux envolées du héros de papier, elles se
sont muées en escalades à bout de filin et en poursuites à moto. Pourquoi
pas ? A vrai dire, le problème de Steel ne réside pas dans son manque de fidélité au matériau dessiné
initial, mais dans son manque d’ambition et d’ampleur. Certes, les cascades et
la pyrotechnie sont largement de la partie, et les effets spéciaux sont tout à
fait honorables.
Mais le ton gentillet, le scénario basique et l’interprétation
lisse de Shaquille O’Neal et de Judd Nelson, méchant sans aucun charisme,
jouent sérieusement en sa défaveur. Le choix d’un basketteur superstar en guise
de tête d’affiche fut probablement dicté par le succès de Space Jam, qui mettait en vedette Michael Jordan l’année
précédente, mais il ne suffit guère à faire passer à la postérité ce Steel, qui ressemble beaucoup plus au
pilote d’une série TV des années 80 qu’à un long-métrage post-Batman. Le résultat reste distrayant
d’un bout à l’autre, notamment pour le jeune public à qui il semble être
destiné en priorité, mais le film sombra rapidement dans l’oubli et dans
l’univers impitoyable des rediffusions tardives et anonymes sur les chaînes
câblées.
© Gilles Penso
Thema: SUPER-HÉROS
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