de Jonathan Liebesman (Etats-Unis)
Avec Aaron Eckhart, Ramon Rodriguez, Cory Hardict, Gino Anthony Pesi, Ne-Yo, James Hiroyuki Liao, Bridget Moynahan
S’ils témoignent d’un réel attachement pour le genre fantastique, les trois premiers longs-métrages de Jonathan Liebesman ne
marqueront guère les mémoires. Nuits de Terreur, Massacre à la Tronçonneuse : le commencement et The Killing
Room manquent
en effet d’une vision personnelle, d’une ambition artistique qui les
élèverait au-delà du simple exercice de style foulant sans
risque les sentiers battus. Avec World Invasion : Battle Los Angeles,
le cinéaste franchit donc un pas important. D’abord parce
que la production lui alloue le plus gros budget de sa carrière,
soit 100 millions de dollars. Ensuite – et surtout – par la nature même
du projet, qui s’efforce de détourner le motif classique
de l’invasion extra-terrestre pour en tirer un drame guerrier brut
et réaliste.
L’intrigue
se met en place dans le camp Pendleton, une base militaire située à
proximité de Los Angles. Le sergent Michael
Nantz, responsable d’un corps de Marines, est appelé d’urgence pour
riposter immédiatement à l’une des nombreuses attaques qui touchent les
littoraux à travers le monde. Ce qui ressemblait de
prime abord à une pluie de météorite est en réalité une colonisation
en masse initiée par un ennemi armé jusqu’aux dents, bien déterminé à
s’emparer de l’approvisionnement en eau de la planète.
Ces agresseurs d’outre-espace semblent mixer la morphologie des
Predators avec celle des aliens de District 9, tandis que leurs
vaisseaux s’ornent d’étranges designs bio-organiques.
De tels prémisses semblent évoquer Independence Day, mais fort
heureusement World Invasion n’a pas grand-chose à voir avec l’univers de Roland Emmerich. Si l’on peut y déceler une influence, c’est
plutôt du côté de La Chute du Faucon Noir qu’il faudrait chercher. Car avant d’être un film de science-fiction, World
Invasion : Battle Los Angelesest
un film de guerre, centré sur une poignée de personnages plongés dans
la tourmente, filmé caméra à
l’épaule à la manière d’un reportage sur le vif, et ne versant
jamais dans l’icônisation à outrance. Les extra-terrestres et leur
arsenal ne nous sont révélés que furtivement, à travers le regard
des hommes lancés corps et âme sur le champ de bataille. Les marines
eux-mêmes ne ressemblent pas aux G.I. Joe à la démarche ralentie et
chaloupée dont raffole Michael Bay, mais sont des gens
terriblement ordinaires.
Bref,
la banalisation du conflit dote le film d’un impact indéniable, le
rapprochant même, par sa volonté farouche de
conserver le point de vue terre à terre de ses protagonistes
paniqués, de la démarche de Steven Spielberg sur sa prodigieuse Guerre des Mondes.
Bien sûr, Liebesman, malgré la meilleure volonté du monde, n’est ni
Ridley Scott, ni Spielberg, et sa mise en scène n’atteint jamais le
niveau de virtuosité de tels
mentors. De même, le scénario de Chris Bertolini ne parvient pas à
éviter les clichés inhérents aux « films de Marines » (certaines
répliques galvaudées donnent presque dans le comique
involontaire), ni à offrir aux protagonistes la profondeur qu’ils
méritent. Mais le spectacle demeure très immersif et emporte l’adhésion
grâce à la conviction sans faille de ses comédiens, Aaron
Eckhart en tête.
© Gilles Penso
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