de John Erick Dowdle (Etats-Unis)
Avec Chris Messina, Logan Marshall-Green ; Geoffrey Arend, Bojana Novakovic, Jenny O’Hara, Bokeem Woodbine, Matt Craven
Produit par M. Night Shyamalan, qui n’a jamais tout à fait su transformer l’essai miraculeux de Sixième
Sens, et réalisé par John Erick Dowdle, signataire d’un parfaitement inutile En Quarantaine, Devil ne
partait pas avec toutes les chances de son côté. Pourtant, les toutes
premières images du film sont prometteuses. Aux accents d’une imposante
partition cuivrée de Fernando Velasquez, la caméra survole les
buildings de Philadelphie. Ce type de plan aérien, ultra banalisé, prend
ici une tournure inattendue dans la mesure où les images
sont inversées. La tête en bas, les immeubles s’offrent à nos yeux
sous un jour inquiétant et un indicible sentiment de malaise s’installe.
Avec une
virtuosité empruntée à un David Fincher, les prises de vues foncent en
plan séquence à l’intérieur d’un des bâtiments, où un agent
d’entretien nettoie les sols tandis qu’à l’arrière-plan un corps
tombe dans le vide et s’écrase sur le toit d’une camionnette. Voilà une
entrée en matière pour le moins intrigante, qui nous
rappelle que l’auteur de Phénomènes a
toujours
su soigner ses prologues. Alors que l’inspecteur Bowden (Chris
Messina) enquête sur ce trépas violent, cinq personnes qui ne se
connaissent pas entrent dans l’ascenseur de l’immeuble : un
agent de sécurité, une jeune femme séduisante, un jeune homme
introverti, un VRP bavard et une vieille dame. Ici aussi, la caméra sait
surprendre, captant en plan séquence l’entrée successive des
acteurs du drame dans la cabine jusqu’à faire face au miroir.
Brusquement, l’ascenseur se bloque entre deux étages. De la simple
contrariété, la situation dégénère peu à peu et vire au
cauchemar…
Le pitch, voisin de celui de Cube,
est intéressant, mais sa
mise en application s’avère bien vite besogneuse, jusqu’à ce que les
cimes du grotesque soient peu à peu atteintes, annihilant tout l’impact
de ce Devil finalement
bien vain. Premier problème : incapable de gérer son concept jusqu’au
bout, le film refuse de jouer la carte de la claustrophobie, en
collectant finalement plus de séquences extérieures que de scènes
confinées dans la cabine. Deuxième problème : la répétition des
situations (la lumière s’éteint, quelqu’un meurt, et ainsi
de suite) finit vite par lasser. Troisième problème, le plus grave :
une volonté opiniâtre de tout expliquer en prenant le spectateur par la
main de peur qu’il soit incapable de suivre
l’intrigue tout seul.
D’où cette
voix off puérile et omniprésente qui, tout au long du métrage, nous
raconte que le diable s’immisce parfois parmi les humains
pour emporter leur âme. Pire : le gardien stéréotypé campé par Jacob
Vargas qui s’avère bardé de superstitions bigotes (normal, c’est un
latino) et qui passe son temps à raconter aux autres
personnages le mode de fonctionnement du Diable. Summum du
grotesque : la scène de la tartine qui tombe du mauvais côté quand Satan
est dans les parages (!) et celle du « Je vous salue
Marie » que ledit gardien entonne à l’attention des prisonniers de
la cabine (au secours !). Bref, ce « Diable dans l’ascenseur » perd tous
ses atouts en cours de route,
malgré ses nombreuses qualités formelles (auxquelles il faut ajouter
la photographie stylisée de Tak Fujimoto) et le jeu plutôt convainquant
de Chris Messina et Logan Marshall-Green.
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