(Alice in Wonderland)
de Tim Burton (2010) – USA
avec Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Crispin Glover, Anne Hathaway, Matt Lucas
Tim Burton et Alice au Pays des Merveilles : l’équation semblait logique, mais était-elle
souhaitable ? Quand on se souvient du désastre artistique de Hook,
résultat de la rencontre de Steven
Spielberg avec son héros d’enfance Peter Pan, il était permis d’en
douter. Un point commun relie d’ailleurs ces deux projets. Dans les deux
cas, un long-métrage Disney sert de référence, et le
scénario du film pend la forme d’une séquelle nous présentant le
personnage principal devenu adulte pour s’immerger malgré lui dans
l’univers fantastique de son enfance. Qu’on se rassure, les
ressemblances s’arrêtent là. Car s’il est loin d’être le film le
plus novateur et le plus personnel de Tim Burton, Alice au Pays des Merveilles se situe bien au-dessus du niveau
du triste Hook.
L’héroïne
a aujourd’hui 19 ans, et la voilà promise à un jeune homme profondément
ennuyeux mais dont le statut aristocratique
semble tout à fait convenable pour une jeune londonienne de l’époque
victorienne. Au cours de la garden party organisée pour que le futur
fiancé fasse sa demande officielle, Alice croit
apercevoir un lapin en gilet qui court dans les fourrés. En le
suivant, elle tombe dans un terrier, et la voilà replongée dans le Pays
des Merveilles, celui qu’elle croyait onirique mais qui
semble être un univers parallèle bien tangible. Là, la cruelle Reine
Rouge (Helena Bonham Carter), flanquée de son valet Stayne (Crispin
Glover), fait régner la terreur. Or selon les présages,
Alice est la seule capable de renverser son règne pour permettre le
retour de la Reine Blanche (Anne Hathaway). Aidée par toute une
ménagerie loufoque et par le Chapelier Fou (Johnny Depp), elle
se prépare donc à affronter l’arme ultime de la Reine Rouge, le
redoutable dragon Jabberwocky…
D’un point de vue purement artistique, Alice au Pays des Merveilles
est un spectacle inédit, porté par les
dernières technologies en matière d’effets numériques et d’images de
synthèse. Les animaux fantaisistes qui peuplent le Pays des Merveilles
sont donc de toute beauté (avec une mention spéciale
pour le fauve Bandersnatch, la chenille Absolem qui parle avec la
voix doucereuse d’Alan Rickman et le Jabberwocky auquel Christopher Lee
prête son timbre inimitable), tout comme certaines
innovations délirantes telles que la tête surdimensionnée de la
Reine Rouge ou le corps démesuré de Stayne.
Mais sans vouloir donner dans le « bon vieux temps », l’époque où Burton disposait de moins de technologie et de
plus de liberté, celle de Beetlejuice et d’Edward aux Mains d’Argent, semblait résolument plus inventive. Débarrassé de tous ses atours esthétiques, Alice au
pays des Merveilles ne raconte en effet rien de bien
palpitant, et véhicule même des thématiques qui semblent contredire tout
ce que le réalisateur d’Ed Wood semblait
défendre jusqu’alors. Oubliés les sympathiques « freaks » qui
défendent bec et ongle leur singularité face à une société trop
uniforme. Ici, on célèbre la défaite des monstres et la
victoire d’une reine conformiste jusqu’à la caricature. Bizarre. Il
nous restera toujours, pour nous consoler, la sublime partition de Danny
Elfman, bien plus émouvante et enivrante que le film
lui-même.
© Gilles Penso
Thema: Contes de Fées
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