de Karyn Kusama
(Etats-Unis)
Avec Megan Fox, Amanda Seyfried, Adam Brody, Johnny Simmons, J.K. Simmons, Amy Sedaris
Juno,
l’histoire douce-amère d’une pré-adolescente tombée enceinte dans
une petite ville des Etats-Unis, avait été l’une des excellentes
surprises du cinéma américain indépendant de 2007, couronnée à juste de
titre d’un oscar pour son scénario. Savoir la même équipe
d’auteurs et de producteurs à la tête d’un film d’horreur sulfureux
situé dans le milieu lycéen avait légitimement de quoi éveiller notre
curiosité. Le postulat de Jennifer’s Body
est le suivant : beauté fatale à qui aucun garçon ne résiste, Jennifer Check (Megan Fox, la bimbo de
Transformers)
arpente nonchalamment les couloirs de son lycée, accompagnée d’une amie
fidèle, Needy (Amanda Seyfried), qui
fait surtout à ses yeux office de faire-valoir. Un soir, Jennifer se
laisse entraîner par un petit groupe de rock venu se produire dans sa
bourgade et disparaît sans laisser de trace.
Lorsqu’elle
refait surface, Needy découvre avec effroi que son amie a changé.
Apparemment possédée par une force occulte, elle devient une
croqueuse d’hommes… mais au sens propre, cette fois-ci ! Mis en
avant par ses producteurs et leurs publicistes pour son caractère
explicitement sexuel et sanglant, Jennifer’s
Body ressemblait
à une bombe prête à éclater, un film à scandale propre à défrayer la
chronique. Mais cette campagne
promotionnelle, hélas, n’est qu’un tissus de mensonges et
d’hypocrisies. Megan Fox chaloupe certes sa démarche en minijupe et
s’exprime comme un camionneur, mais pas l’ombre d’un sein ne vient
offenser nos regards. Le corps de Jennifer demeure donc pudiquement
camouflé, les effets sanglants ne giclent que dans la limite du
raisonnable, et l’œuvre sulfureuse promise affiche bien vite sa
nature réelle de produit sage et formaté.
On ne sait pas trop ce qui agace le plus dans Jennifer’s Body :
sa
volonté ostensible à s’ériger en film culte coûte que coûte (à coups
de dialogues au second degré et de références à la culture pop), son
accumulation de stéréotypes (les lycéens constituent à ce
titre un catalogue de clichés assez édifiant), le refus d'exploiter
le potentiel horrifique mis en place dans l'intrigue (pourquoi
diable ce liquide poisseux hérissé d’épines que vomit Jennifer lors
de sa réapparition n’est-il pas du tout exploité dans le reste du
métrage ?) ou
la paresse de son scénario qui pousse l’intrigue à s’interrompre
régulièrement pour que les protagonistes puissent nous assener
d’interminables
explications artificielles.
Le film n’est
cependant pas dénué d’attraits. Au-delà de l’indéniable photogénie de
Megan Fox (que nous aimerions découvrir un jour dans un
rôle ne capitalisant pas tout sur son physique), il faut saluer
l’interprétation toute en finesse d’Amanda Seyfried, véritable
révélation du film. Oscillant avec aisance et naturel entre la
timidité, la peur, la sensualité et la fureur, elle porte les
meilleures scènes de Jennifer’s Body sur
ses épaules, notamment
une séquence d’amour maladroite et touchante avec son petit ami Chip
(Johnny Simmons)… gâchée hélas par une bande originale saturée de rock
médiocre. Malgré ses nombreux défauts, le scénario de
Diablo Cody aurait probablement gagné en efficacité et en sincérité
s’il avait été mis en scène par un réalisateur plus inspiré et moins
superficiel que Karyn Kusama, dont Girlfight
et Aeon Flux ne nous avaient déjà pas spécialement convaincus.
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